vendredi 6 novembre 2009

Agression


C’était en 1988. Je me souviens de l’année, car la veille, j’avais appris la naissance d’Ariane, ma première petite-fille.

C’était la fin d’un séjour en Floride avec mon amie Céline.

Un dernier rayon de soleil au bord de la piscine avant de boucler les valises. Je laisse Céline monter seule à la chambre.

Je te rejoins dans un instant. Le temps de régler mon compte de téléphone.

Le jeune directeur de l’hôtel, qui a toujours été empressé envers nous, m’invite à revenir en vacances avec ma famille.

Le troisième étage a été rénové en appartements et sera disponible bientôt. Venez avec moi, j’y vais justement, vous verrez comme c’est invitant.

Sans appréhension, je le suis. Il ouvre la porte d’une suite, il me regarde d’un œil trouble, ferme la porte à double tour et met la clé dans sa poche. Piégée, je crains le pire. Je tente de m’imposer :

Ouvrez, s’il vous plait.

— Non, ma belle, il y a longtemps que j’attends ce moment.


Violemment, il me jette sur le lit. Comment m’en sortir?

Lâchez-moi, monsieur, je suis grand-mère!

Manifestement cela ne le dérange pas. Il essaie de me dévêtir. Une inspiration soudaine me fait trouver l’argument décisif :

Si vous n’ouvrez pas la porte immédiatement, je vous fais perdre votre JOB !

— O.K. !


Toute bouleversée et en pleurs, je cours à la chambre et raconte l’incident à ma copine.

Pour mieux comprendre, sans doute, Céline me demande si je ne l’aurais pas provoqué. Là, c’en est trop, et je pleure de plus belle… Désolée, elle me prend dans ses bras et manifeste la compassion dont j’ai le plus besoin.


De retour à la maison, je trouve dans ma valise un mot d’excuse de cette amie de longue date qui me dit son regret d’avoir douté un instant de mon honnêteté dans cette inimaginable histoire d’agression.

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