vendredi 6 novembre 2009

Scène de ménage


Je ne me rappelle pas avoir vécu une scène de ménage aussi humiliante que celle-là. En fait, nous ne nous sommes jamais vraiment chicanés, Claude et moi.

Cela se passait un matin de janvier par un temps froid de vingt sous zéro. Ce matin-là, je donnais un cours à la première heure. Ma voiture, pour des raisons pratiques, avait dormi devant le garage alors que celle de Claude y avait passé la nuit bien au chaud à l’intérieur. J’étais pressée d’arriver à l’école et voilà que ma vieille Ford refuse de démarrer. Claude, en galant homme, s’habille prestement, sort de la maison et s’assoit à ma place. D’un seul coup, la voiture démarre. Souriant, il me cède ma place.

— Je te suis avec ma voiture.

Au premier coin de rue, ma voiture s’éteint. Rien à faire, elle ne veut pas obéir… Claude descend et me dit sèchement: Tasse-toi ! De nouveau un seul tour de clé de sa part et c’est reparti…Humiliée de plus belle je me demande même si je lui ai dit merci.

La moutarde me monte au nez…Pour mon malheur, autre intersection, autre panne! Là c’en est trop. Mon homme ouvre la portière et m’apostrophe ainsi :

— Cou'donc ! qu’est-ce-que vous avez vous autres, les femmes, avec la mécanique? !!!

Insultée dans mon égo, j’attrape ma serviette de prof, sors de l’automobile, m’empare de la voiture de Claude, démarre, lui laissant la vieille guimbarde.

Jamais mes collègues ne m’ont vue ainsi courroucée et me demandent de quelle tempête je sors.

— De la sempiternelle tectonique entre les forces de l’homme et celles de la femme aussi différentes qu’un moteur Diésel et une Ford à pédale.

Le soir, alors que je suis de retour à la maison, on sonne à la porte.

— Des fleurs pour vous madame.

C’était une douzaine de roses rouges de la part d’un champion en mécanique et … en réconciliation du cœur.

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