vendredi 6 novembre 2009

Avant propos


Mariette Bergeron-Tremblay

Ma chère Yvonne,

J’ai relu plusieurs fois ton intéressant recueil ! Avec fraîcheur et candeur, comme tu le dis si bien, tu sais relater les hauts faits de votre vie. On dirait que tu les attrapes au passage, ces hauts faits, dans le désordre, mine de rien, sans avoir l’air d’y toucher, et c’est ce qui fait le charme de la lecture. Tu y parles de parents, d’amis et de connaissances nouvelles ; tu transformes ces personnages en protagonistes de ta vie. En artiste, tu saisis toutes les occasions pour parler de l’importance de l’art. Tu t’arrêtes souvent pour penser et réfléchir.


Portraits de personnages :

Monsieur Lessard, quel homme pittoresque ! Il m’a rappelé son magasin sur la côte qui m’attirait sans cesse, au temps de mes vingt ans. Il avait su reconnaître chez toi la meilleure des ambassadrices. À cet homme d’affaires dynamique, s’oppose peut-être l’attitude empesée de la chapelière.

Sœur Georges-Antoine pourrait être une parente de Mère Saint-Omer-de-Luxeuil, du pensionnat Saint-Dominique, une sœur enseignante que tu retrouveras dans mon livre. Oui, il y avait de ces religieuses qui savaient nous marquer, transcendant l’ambiance étouffante de leur communauté.

Benjamin, un ami exclusif, je dirais… Tu l’évoquais souvent lors de nos rencontres dans les années soixante-dix et quatre-vingt.

Jour de l’An mémorable, texte magnifiquement écrit ! J’entends encore le récit que nous en avait fait ton beau-frère Roland Garant, quelques mois plus tard. Là encore, évocation de gens généreux, de ta belle-sœur Thérèse, entre autres, qui inventoriait ses réserves culinaires pour nourrir tout un bataillon prisonnier de la neige !

Jennifer, Zhang Jie-Min, Madame Thibodeau, amis rencontrés au hasard de vos périples, compagnons de route qui laissent une empreinte, un souvenir. Jennifer avec son charme d’adolescente, Zhang Jie-Min, le peintre chinois désireux de percer comme artiste chez-nous. Malgré tous vos efforts, il n’avait pas réussi. Mme Thibodeau et ses jewelleries, drôle et si touchante !


Présence de l’art

Yvonne, presqu’à chaque page, tu poses un regard d’artiste. J’ai particulièrement aimé Anonymus, où, cette fois, c’est un art revendiqué qui s’exprime. Qui sont les coupables de cette injustice qui t’est réservée ? Lemieux, Yacurto, le journaliste Normand Girard ? Les trois à la fois, dirais-je. Le monde des hommes ne connaît pas ce que réalisent les femmes. Je suis fière de toi ! Tu as eu la détermination de protester par une lettre qui n’a jamais reçu de réponse…

La murale du Krieghoff décrit le travail de la muraliste avec minutie : son projet, sa préparation puis sa réalisation. Autour de toi s’intéressent et s’interrogent les voisins : James avec sa réserve tout anglaise, Suzanne et Pierre, ce mari malade, parti trop tôt, la petite Béatrice. La naissance du dessein prend forme. Le peintre suscite l’intérêt et la curiosité des témoins qui vont et viennent. Cette murale en trompe-l’œil, avec ses teintes douces et sa gracieuse mise en abyme, fait vivre tous tes petits-enfants. Même un chat effronté…


Réflexion

Tu préfères L’automne, tu souhaites les musiques douces plutôt que les salves tonitruantes, tu réfléchis à la mort à la dernière page de tes histoires. Je reconnais là la femme profonde qui observe et songe, la moniale qui se lève à l’aube et qui parle à ses arbres…

Comment ne pas souligner le talent de Claude, le photographe? Par l’habileté de sa lentille, il reproduit la beauté des toiles si bien choisies et qui viennent rehausser le texte. Soudain, une rose écarlate, photo de Claude, vient sceller une réconciliation !


Félicitations Yvonne. Ces Souvenirs désordonnés contribuent encore à te livrer sous une nouvelle forme, celle de l’écriture.


En toute amitié,

Mariette, le 4 novembre 2009


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