vendredi 6 novembre 2009

C'est un oiseau qui vient de France


C’est le titre d’une chanson qui a bercé mon enfance. Maintenant il évoque pour moi la genèse d’une grande amitié qui est née en deux temps.


1968

À deux jours d’avis la directrice du Centre culturel est prévenue que Les moineaux du Val de Marne, une chorale de quarante-cinq jeunes français, s’en vient à Jonquière. Il faut organiser un concert et les loger dans des familles. Avant Jonquière la chorale doit se produire à Chicoutimi.

La directrice en titre est prise au dépourvu. Elle doit partir en vacances avec toute sa famille. Elle m’appelle en catastrophe pour que je la dépanne. Devant son désarroi, j’accepte de la remplacer.

J’ai deux jours devant moi.

Pour le logement des choristes je mets à contribution les membres des Équipes de foyers de Saint-Raphaël, mouvement d’entraide efficace dont nous faisons partie. Le réseau se met en branle et en quelques heures les quarante-cinq moineaux trouvent un nid dans des familles d’accueil. Pour le concert je compte sur le bouche à oreille pour remplir la salle.

Le lendemain, changement subit au programme. Chicoutimi qui devait les recevoir se désiste. L’agent montréalais responsable de la tournée m’appelle pour que Jonquière sauve l’honneur de la région du Saguenay renommée pour son hospitalité. Je me remets à la tâche afin que les familles acceptent de loger nos jeunes deux nuits plutôt qu’une. Lorsque l’autocar des moineaux se présente au Centre culturel, les familles hôtes sont là pour les accueillir avec un large sourire.

Le lendemain la salle de concert du Centre culturel est remplie. Selon le directeur de la chorale, l’abbé Coutelle qui a logé chez nous, les chanteurs se sont surpassés ce soir-là. C’était la meilleure façon de nous exprimer leur reconnaissance.

J’ignorais à ce moment qu’un de ces moineaux deviendrait quelques années plus tard un grand ami.


1972

Invités au mariage de cousine Lisette à Chicoutimi, nous faisons connaissance de son époux, Michel, un parisien fort sympathique.

Dès les premiers contacts nous nous découvrons des atomes crochus et adoptons d’emblée ce nouveau cousin. L’espoir de mieux nous connaître est exprimé. Spontanément le jeune couple promet de venir chez nous le lendemain partager une bouteille de champagne de la noce.

Promesse tenue. Nous apprenons alors que nos tourtereaux se sont rencontrés grâce au programme d’échange franco-québécois pour la jeunesse. Lisette, participante à ces échanges, enseignait dans une école de la banlieue parisienne et c’est là qu’elle a connu Michel, étudiant en droit. La séduction opéra au point qu’il décida de prendre femme et pays.

Au fil de la conversation Michel nous apprend qu’il n’en est pas à son premier voyage au Québec. Il est même venu à Jonquière en 1968 alors qu’il faisait partie d’une chorale dont il était le trésorier.

J’ai gardé de Jonquière un souvenir particulier, car il y avait là au Centre culturel une jeune directrice qui nous a dépannés de façon admirable.


Claude et moi échangeons un sourire complice. Sans mot dire, il place sur la table tournante le disque des Moineaux du Val-de-Marne que nous nous étions procuré en 1968.

Michel surpris s’exclame:

Mais, c’est nous ?...

— Hé oui. C’est vous… Plus encore, la directrice par intérim du Centre culturel ce jour-là, c’était moi.

— Sans blague ?!...


Nous n’étions qu’au début d’une riche relation pleine de surprises.

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