vendredi 6 novembre 2009

Saint Antoine


La foi transporte les montagnes mais pour mon père pas toujours aussi vite qu’il l’aurait voulu.

Papa vivait sa retraite à rendre service. Ses enfants pouvaient compter sur lui pour effectuer des travaux de menuiserie voire même des rénovations importantes. Il acceptait rarement de travailler en dehors de la famille.

Un jour cependant, il reçoit une demande de la Supérieure des religieuses Antoniennes de Chicoutimi. Elle connaît sa générosité et le sollicite pour effectuer des réparations au réfectoire du couvent. C’est donc avec son coffre à outils et ses mains habiles que mon père s’amène chez les bonnes sœurs.

Dès les premiers jours son beau marteau tout neuf disparait. Il a beau chercher partout. Rien.

— Je vais vous passer celui de la communauté, dit la religieuse qui s’empresse d’aller le chercher.

Elle lui apporte un vieux marteau tout branlant dans le manche. Difficile pour mon père de travailler avec un si vieil outil.

— Demandez à saint Antoine de vous aider à retrouver le vôtre, Monsieur Tremblay. Vous n’avez qu’à lui promettre une récompense, ne serait-ce que 25 sous. Mais surtout il faut que vous ayez la foi!

Les jours passent. Toujours pas son marteau. Lassé de travailler avec l’outil de fortune des sœurs, papa va à la quincaillerie s’en acheter un autre.

À la fin des rénovations, voilà qu’en soulevant une planche, il voit son marteau là, provoquant !

— Je vous l’avais bien dit, n’est-ce pas, que saint Antoine le trouverait? Quand on a la foi, on est récompensé.

Malgré le retard à être exaucé mon père se sent obligé de remplir sa promesse. Il plonge la main dans sa poche, prend une pièce de vingt-cinq cents et la lance au fond du réfectoire dans un amas de bran de scie :

— Tu m’as laissé chercher, saint Antoine… Cherche à ton tour!

Grand éclat de rire de la supérieure qui avait le sens de l’humour…

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