vendredi 6 novembre 2009

La belle et la bête


Le programme en art que je donnais aux adultes au Cégep de Jonquière contenait des cours de dessin avec modèles vivants.

Un jour, mon modèle féminin, une jeune femme d’une grande beauté, me demande si son copain peut entrer dans la salle de cours.

C’est lui qui me transporte, dit-elle. Il va se faire discret.

N’y voyant pas d’objection, j’accepte.

C’est pour moi un choc lorsque je le vois entrer. Son compagnon est un homme laid, atypique et difforme.

J’essaie de contrôler les signes de mon étonnement et je l’invite à s’asseoir en arrière de la salle. Je le vois qui se plonge dans la lecture d’un bouquin, indifférent semble-t-il au fait que sa belle prenne la pose sur le podium.

J’ai beau suivre l’avancement des croquis de mes élèves, mon esprit demeure hanté par le paradoxe de ce couple. Pour moi, c’est la belle et la bête.

L’heure de la pause venue, je rejoins mon modèle revêtue qui cause avec son compagnon. Je découvre les yeux de cet homme. Le regard admiratif qu’il pose sur sa belle et les propos intelligents qu’il tient sur le livre qu’il a en mains me font oublier sa laideur. Je découvre alors sa beauté intérieure.

Cet homme intéressant et tendre avait une belle âme. La Belle qui le voyait avec les yeux du cœur le savait déjà.

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