vendredi 6 novembre 2009

Geste à l'italienne


Cette année-là, nos vacances d’hiver nous amènent au soleil du Costa Rica en compagnie de nos amis Suzie et Rodolphe. Selon l’agence de voyage nous devons nous joindre à un groupe de touristes à San Jose pour un grand tour du pays.

Le groupe se limite à six. À nous quatre s’ajoute un couple montréalais, Micheline et Georgio. Les premiers jours du tour ceux-ci restent discrètement à l’écart malgré nos invitations à se joindre à nous.

Un soir, Claude invite Georgio à prendre l’apéro au bar de l’hôtel. Idée géniale qui fait fondre la glace. Il apprend que Georgio est d’origine italienne et dirige à Montréal un atelier de manteaux haut de gamme pour hommes. Il vient d’ailleurs de livrer à New York les paletots en cachemire que porteront les acteurs du film Le Parrain. À partir de ce moment Georgio et Claude deviennent copain-copain.

Quand tu viendras à Montréal j’aurai un cadeau spécial pour toi.

Lorsque Claude me rapporte cela je le préviens :

Ne compte pas sur une promesse faite un verre à la main.

J’avais tort.

Quelques temps après notre retour au pays, lors d’un passage à Montréal nous donnons un coup de fil à Georgio et Micheline pour prendre de leurs nouvelles. Ils nous convient pour un apéritif. En entrant chez eux je vois une table dressée dans la salle à manger, signe manifeste de leur intention de prolonger la rencontre. Repas généreux, délicieux et bien arrosé.

Au moment de notre départ, Georgio ouvre une penderie, en sort un manteau de cachemire gris et le fait essayer à Claude.

J’espère avoir la bonne taille… C’est pas mal, mais essaie aussi celui-là.

Ce deuxième est un manteau noir de cachemire plus fin comme en portera Marlon Brando dans le film cité plus haut.

Claude ne sait pas comment prendre la chose…

Lequel choisir? demande-il, en sortant son chéquier?

Georgio refuse tout paiement.

C’est un cadeau… et il lui tend les deux manteaux.

Nous sommes confus devant tant de générosité à l’italienne.

En boutade, j’ose dire :

Dommage que tu ne fasses pas de manteaux pour les femmes.

En souriant Georgio ajoute à l’intention de Claude qu’il aurait dû en apporter un autre plus sport.

De retour à Jonquière, un courrier spécial livre pour Claude le modèle sport oublié et pour moi un élégant manteau rouge.

Comment les remercier pour tant de largesse?

Nous les invitons à venir visiter notre région qu’ils ne connaissent pas au cours de l’été. Claude prend congé et organise une excursion en bateau sur le Saguenay suivie d’un repas au Privilège, le restaurant gastronomique de Chicoutimi.

Le lendemain, visite de mon atelier. Je les invite à choisir un tableau. Micheline est attirée par un et Georgio par un autre. Devant leurs hésitations, d’un geste à l’italienne rappelant celui de Georgio :

Les deux sont à vous.

Lorsque nous sommes revenus les saluer à Montréal j’ai été émue de voir mes tableaux placés bien en vue dans leur demeure.

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