vendredi 6 novembre 2009

L'équitation


Dans ma jeune cinquantaine, j’apprends qu’un centre équestre vient d’ouvrir à Laterrière et offre des cours sans discrimination d’âge. J’y entre au grand galop. Avec mes amis Suzie et Rodolphe je découvre les plaisirs de ce sport et ses difficultés.

L’aménagement bucolique de ce centre est l’œuvre des frères Jeannot et Alyre Tremblay, créateurs originaux et gens de goût. On y trouve des sentiers ombragés et une prairie verdoyante propices à la randonnée. L’écurie d’une propreté impeccable compte huit chevaux. Un manège spacieux est le lieu de notre apprentissage. Pour compléter le tout, on trouve dans le pavillon principal un restaurant gastronomique au nom poétique de Fauche le vent.

Le maître de manège, Claude Lagueux, m’impressionne par ses qualités de pédagogue et aussi par son élégance, laquelle rivalise avec celle du pur sang de sa monture. Il m’enseigne l’abc du sport équestre : comment approcher le cheval, comment le seller, le monter, le diriger.

Mon approche du cheval n’est pas nouvelle. Élevée à la campagne, il m’est arrivé plusieurs fois dans mon enfance d’enfourcher Tom, le plus docile des chevaux de la ferme. Très jeune, après les travaux des champs, je me voyais souvent confier par mon père la tâche de ramener Tom à l’écurie. Il me hissait sur le dos du cheval, je m’agrippais à son cou et je me laissais emporter joyeusement au rythme cadencé de ses pas.

Je retrouve à Laterrière ces sensations de mon enfance: la chaleur de l’animal, la douceur de sa robe, le rythme du galop, ce sentiment de liberté qui m’élève au dessus de ma taille.


L’art de l’équitation n’est pas que plaisir, il est une discipline exigeante. Il apprend à l’écuyer le maintien et l’équilibre. Il lui apprend à dominer ses peurs. Il lui apprend surtout à être à l’écoute de son cheval, à communiquer avec lui afin qu’il comprenne ses intentions. Il y arrive plus facilement lorsqu’il possède son propre cheval. Ce n’est hélas pas mon cas. Je dois d’une fois à l’autre monter un cheval différent. Malgré tout j’aime ce sport associé à une des plus belles, des plus gracieuses et des plus nobles créatures du monde.

Malheureusement, il m’est arrivé un incident qui m’a traumatisée irréversiblement. C’était lors d’une randonnée avec mes amis. Je chevauchais un cheval nerveux que je connaissais peu. Tout allait bien jusqu’au moment où longeant la route, un camion klaxonna de façon stridente. Du coup mon superbe alezan se cabra à la verticale. Que faire? Instantanément je me suis rappelée une phrase de mon père : C’est toi qui mène le cheval et non l’inverse. Je tirai de toutes mes forces sur les rênes et lui dis péremptoirement: calme toi! Il s’est remis sur ses pattes et m’emporta dans une chevauchée jusqu’à épuisement de ma peur.

Mon professeur qui fermait la caravane et qui n’avait rien perdu de la scène m’a félicitée en me disant que j’avais eu les bons réflexes. De mon côté avec cet incident traumatisant je venais de perdre ma candeur confiante. J’ai mis fin définitivement à l’équitation.

Plus tard j’ai donné ma bombe et mes bottes à ma petite-fille Fanny qui commençait à s’intéresser à ce sport passionnant.

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